28 juin 1914 – 31 juillet 1914, deux journalistes se retrouvent dans un café, seul lieu de la ville équipé d’un télégraphe. Ils se tiennent informés des nouvelles du monde. L’un suit avec confiance et ardeur les déclarations de Jean Jaurès cherchant à maintenir la paix, l’autre alimente avec jubilation les propos nationalistes menant à la guerre. Dans cet affrontement passionné et divergeant, chacun croit détenir une vérité qu’il veut imposer à l’autre.
Ils déploient leur énergie à se combattre, mêlant sincérité et mauvaise foi, usant d’humour, de tendresse et d’éclats violents. Ils argumentent, mesurent leurs idées, parlent de leurs craintes et de leurs espoirs. Ils cherchent à convaincre le tenancier du café qu’ils emmènent dans une effervescence générale et échevelée. Un feu d’artifice de passion, d’exaltation, de démesure et de cocasserie.
Derrière eux, le télégraphe délivre les dépêches qui rythment leurs peurs, leurs assurances, leurs fougues patriotiques. Ils attendent avec impatience la dernière nouvelle de ce mois de juillet. L’information est entrecoupée des quatre lettres du mot ...STOP... La guerre va-t-elle avoir lieu? ...STOP... Jaurès sauvera-t-il la paix? ...STOP...
Un siècle nous sépare de cette nuit où deux coups de feu ont détruit l’esperance que Jaurès avait mis tant de force à faire vivre, tant de force à incarner. C’était hier.
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