Composée par un tout jeune auteur de 24 ans, Frères ennemis (La Thébaïde - 1664), première pièce de Jean Racine, raconte la haine au-delà du pouvoir convoité par les fils d’OEdipe. Mais ces deux frères qui s’entretuent ne sont pas seulement Etéocle et Polynice ou Caïn et Abel, ils incarnent les conflits qui, aujourd’hui plus que jamais, ne cessent de ronger les êtres, les sociétés et les nations. Ils disent les ravages de l’orgueil et de l’obsession du pouvoir. Ils sont à l’extérieur et à l’intérieur de nos frontières géographiques et mentales. Ils sont nos contemporains. Comment faire pour réconcilier deux factions irréconciliables? Comment faire taire les armes et revenir à la raison? Telle une Hilary Clinton de l’antiquité, Jocaste secondée par sa fille Antigone et malgré le machiavélisme de Créon, va tout tenter pour y parvenir.
Cédric Dorier a réuni pour son nouveau spectacle une distribution de haut vol, des comédiens rompus à l’art de dire qui s’attacheront à traduire la belle animalité et la fiévreuse sensualité de l’écriture racinienne, ce qu’elle a de charnel, de lyrique, de sauvage et de très concret à la fois. À travers cette histoire haletante, riche en rebondissements dignes de la série Game of thrones, Racine nous ramène avec intelligence et sensibilité à cette question cruciale: la haine, qu’elle soit d’origine familiale, politique ou religieuse, est-elle une fin ou un moyen, un prétexte ou une fatalité?
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