Archives janvier à mai 2002 |
Sauvage
du
mardi 26 février au dimanche 3 mars 2002 |
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Découvrez
"Sauvage" sur le site d'Espace2 Présentation
de "Sauvage" par le journal 24 heures
Marie : Brigitte Schweizer
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Pierre, Marie, Paul et Madeleine, quatre citoyens au dessus de tout soupçon se réunissent pour résoudre un problème lié à un étrange personnage, Liaraca. Qui est Liaraca? Personne ne le sait vraiment. Un être farouche, différent, indéfinissable. Et inquiétant. Peu à peu, la réunion courtoise se transforme en une sorte de rite sacrificiel destiné à exorciser une violence de plus en plus incontrôlable. Pourquoi "sauvage"? Il ne s'agit pas de renvoyer à cette notion périmée d'ethnologie du XIXe siècle qui affublait de ce qualificatif tout ce qui n'était pas (encore) touché par la grâce de notre belle civilisation occidentale. Inversement, il ne s'agit pas davantage de se référer au "bon sauvage" de Rousseau en opposant naïvement la pureté d'un état de nature à la corruption de la société humaine. Non, les auteurs entendent plutôt évoquer deux aspects de la "sauvagerie" qui leur paraissent très contemporains. Dans cette descente aux enfers vécue par quatre personnages sans histoire, sans prédisposition manifeste à l'usage de la force brutale, ils tentent de montrer que sous le vernis des civilités sourd en permanence une violence aveugle, irrationnelle - sauvage - qu'il serait par trop simple d'assimiler à un quelconque héritage biologique, un reste de nos instincts primaux. Bien sûr, cette violence ne se manifeste pas immédiatement, mais elle menace, elle affleure. Elle apparaît brusquement lorsqu'il se produit un dysfonctionnement dans la mécanique bien huilée du quotidien; elle surgit lorsque la norme est mise en péril, lorsque la certitude s'estompe, que l'ordre est menacé. Or Liaraca incarne précisément ce trouble, cette marginalité. Elle est "sauvage", elle vit dans les marges; en un mot, elle est différente. Or la différence inquiète, elle suscite la peur. Et la peur d'engendrer la violence… Liaraca occupe donc une double position : personnage des frontières, elle n'évolue pas dans le même espace que les quatre autres individus. Mais de l'autre côté, elle ne cesse d'être au centre des préoccupations de tout le monde. Position simultanément centrale et marginale. De plus, elle ne chante pas - le chant est la norme de l'opéra! - elle parle; enfin, elle est en même temps incluse et exclue de l'action centrale : elle converse aussi bien avec Pierre, Marie, Paul et Marguerite qu'avec le public. En conclusion, deux "sauvageries"; la première, la véritable, la brutale qui s'exprime en face de la seconde, l'étrange, l'insaisissable. "Sauvage", peut-être aussi parce qu'a priori et en apparence, il n'y a rien de moins sauvage que l'opéra… |
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